mardi 24 mars 2015

Le FN - pourquoi, comment ? Discours 7





Le discours s'entend au sens ou le pratiquait les philosophes grecs : une conversation qui permet l'excursion dans tous les recoins de notre pensée.



Notre société moderne a été bâtie, après guerre, sur le programme du Conseil National de la Résistance, programme résolument de gauche. Mais nous ne pouvons que constater aujourd'hui la prédominance d'un parti qui en est le stricte opposé.
Les fondamentaux du FN que sont la xénophobie et le repli sur soi ne trouvent d'échos aujourd'hui que du fait de la désespérance humaine. Malgré ce que l'on veut nous faire croire, les français ne sont pas racistes (nous sommes le premier pays au monde en terme de mariages « mixtes ») et si le FN est resté jusqu'ici minoritaire en terme de vote c'est parce que ses thèmes ne sont pas si porteurs. Parce que la vraie attente des citoyens se situe à un autre niveau, celui de la qualité de la vie.
L'autoritarisme et le nationalisme qui émergent aujourd'hui sont des tares congénitales du capitalisme. L'accumulation de capital de quelques uns engendre forcément l'appauvrissement des autres. Or pour conduire une masse d'individus, qui forcément va en s'accroissant et en s'appauvrissant, le gouvernement n'a d'autres choix que de « serrer la vis ». Et donc de s'orienter vers un État policier et liberticide.

Au début du 20 ème siècle on appelait les « classes laborieuses » (les ouvriers, les paysans sans terre) les « classes dangereuses ». La bourgeoisie s'étonnait que des individus, à qui on ne laissait pas le minimum vital, deviennent aigris et violents ! Le chômage était important, les salaires ridicules et les droits des salariés quasi inexistants. L'alcool faisait des ravages.
L'épisode de la Commune de Paris (18 mars 1871 au 28 mai 1871) fût une tentative pour ces classes laborieuses de réinstaurer la fraternité, l'égalité et la liberté qui avaient émergé sous la Révolution. Cela s'est terminé dans un bain de sang.

On peut s'étonner d'un discours sur le Front National dans cette Réforme Agraire pourtant c'est bien l'amour de la Liberté et de la Fraternité qui nous mène à cette Réforme. Alors prenons le temps d'une mise au point sur le Front National.



Pour comprendre un groupe ou une idée, il est important de connaître ses origines.
Comme tous les partis politiques sur le devant de la scène de nos jours, le nationalisme est un enfant de la Révolution.
Quand l'Assemblée se constitue en 1789, les monarchistes se placent à la droite de la salle et demandent le respect de la royauté. Ils se divisent en deux branches : 


                                               
                                                          
        
Ce qui unifie les droites aujourd'hui c'est l'idéologie de l'ordre. En effet, la Révolution est considérée comme une perturbation d'un certain ordre (monarchique) et il est nécessaire d'en instaurer un autre (moral, politique, social).
A l'extrême droite, Drumont et Barres sont les premiers théoriciens du nationalisme. Théoriciens de l'ordre par excellence, ils remettent en question le régime parlementaire, l'accusant de la « décadence française » (on est juste après la guerre de 1870-1871 avec l'Allemagne par laquelle on a perdu l'Alsace et la Lorraine, ce qui explique, qu'en France, on veuille y retourner en 1914!).

Maurras est celui qui organise vraiment la théorie nationaliste, au travers de « l'Action française ». Pour lui la Révolution a détruit l'unité créée par la monarchie. Les quatre causes du naufrage français sont
  • les protestants qui auraient apporté l'individualisme et le libéralisme
  • les juifs, qui étant apatrides seraient un danger pour la nation
  • les francs-maçons, qui poursuivraient l'idéal des Lumières
  • les « métèques », les étrangers.
Pour rétablir une monarchie absolue et héréditaire, sa méthode est de conjuguer la conquête de l'opinion et la préparation d'un coup de force.

Le nationalisme français est donc dès l'origine contre-révolutionnaire. S'il n'est plus forcément monarchiste aujourd'hui, il prône toujours un autoritarisme fort. C'est pour cela qu'il se satisfait très bien de la V ème République qui assure une place prépondérante au chef de l’État.

Enfin, malgré ce que peut dire le FN aujourd'hui il est important de signaler que les nationalistes ont déjà exercé le pouvoir en France. De 1940 à 1945 : le régime de Vichy n'est ni une aberration ni un hasard. C'est le fruit de la montée des nationalismes dans les années 1900 à 1930. Pétain et la majorité de ses ministres étaient ouvertement nationalistes et ont appliqué une politique issue des thèses de Maurras :
  • chasse aux juifs
  • politique familiale et patriarcale (allocations familiales)
  • état policier avec la Milice pour mettre au pas les récalcitrants
  • STO : service du travail obligatoire qui fournit une main d’œuvre peu chère au patronna libéral.
Pétain est arrivé au pouvoir suite à la débâcle militaire de 1940, les français l'adorent car c'est le héros de la bataille de Verdun (700 000 morts?!).
A partir de 1942, le peuple français commence à se détourner du pétainisme car il supporte de moins en moins cet autoritarisme et le contrôle permanent de la population.
Le FN d'aujourd'hui est directement issu du pétainisme. Ce nationalisme français a la particularité d'avoir été peu touché par le fascisme. En effet, si le culte du chef et l'autoritarisme d’État sont communs à ces deux mouvements, le nationalisme français n'est pas impérialiste. C'est à dire qu'il n'a pas vocation à s'exporter, à s'imposer en dehors de ses frontières. C'est un nationalisme de replis sur soi.
Ainsi se dire nationaliste aujourd'hui c'est adhérer aux thèses contre-révolutionnaires : le peuple serait irresponsable politiquement, il aurait besoin d'un guide suprême qui devrait avoir les pleins pouvoirs.
A contrario, se dire révolutionnaire ne veut pas dire vouloir faire la Révolution (elle a déjà été faite !) mais se poser en défenseur des acquis de la Révolution : le peuple est souverain et ses principes de vie sont : Liberté, Egalité, Fraternité.

On peut tout de même se demander pourquoi les nationalistes se nomment ainsi et revendiquent à tous bouts de champs la Nation. En effet, Nation vient du latin « natio » et signifie « naître ». Héritée de la Révolution française et de la philosophie du XVIIIe siècle et des Lumières, la Nation signifie la volonté du « vivre ensemble ». Elle résulte d'un acte d'auto-définition du peuple, qui se reconnaissant et s'émancipant, s'empare de la puissance politique. Le FN est donc par définition anti-national.

La Nation c'est la naissance du peuple souverain.

La République c'est le pouvoir du peuple, pour le peuple et par le peuple.


Clarisse Prod'homme, école paysanne 35




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