Partie 4 : Sobriété
Sobriété
: n.f. Comportement d’une personne sobre. Qualité de quelqu’un qui se
comporte avec retenue. Qualité de ce qui se caractérise par une absence
d’ornements superflus.
La simplicité volontaire ou sobriété
heureuse est un mode de vie consistant à réduire volontairement sa
consommation, ainsi que les impacts de cette dernière, en vue de mener
une vie davantage centrée sur des valeurs définies comme « essentielles
». Cet engagement personnel et/ou associatif découle de multiples
motivations qui vont habituellement accorder la priorité aux valeurs
familiales, communautaires et/ou écologiques.
Nous avons, à
partir des éléments et publications scientifiques disponibles, présenté
les causes et effets du changement climatique et traduit ce que serait
le paysage de demain sur notre planète et plus localement autour de
nous. Bien sûr, aucune science n’est exacte et l’avenir ne se prévoit
pas toujours avec précision. Des surprises climatiques sont aussi
attendues. Bonnes ou mauvaises ? L’évidence est tout de même qu’il faut
se préparer au changement et pour très bientôt.
Rappelons aussi
que ce discours est écrit en utilisant les prévisions les plus
optimismes. Donc un réchauffement et un bouleversement climatique «
moyen ». Ce scénario optimiste, c’est dans le cas ou notre civilisation
devient « sobre » aujourd’hui. Tous les éléments proposés dans ce
discours s’aggraveront à la mesure de notre capacité d’aujourd’hui à
évoluer ou non vers la sobriété.
Nous sommes tous personnellement
concernés, car Demain (2050) nous seront encore sur Terre. Nous sommes
tous personnellement concernés car Demain (2100) nos enfants seront
encore là sur Terre…
L’impact humain qui provoque l’amplification
du changement annoncé est principalement dû aux pollutions
atmosphériques occasionné par les émissions de Dioxyde de carbone et de
Méthane (nous dirons majoritairement) : Les gaz émis par l’industrie,
les gaz d’échappement de nos véhicules, les produits indus à la
fabrication du ciment, la fabrication de pesticides et d’engrais
agricoles, la production de plastiques etc. La liste est longue. Pour un
écologiste, ce qui se passe aujourd’hui est cristallisant. C’est
injuste d’en arriver là. De cesse et depuis des décennies, les
associations de protection de l’environnement tirent la sonnette
d’alarme et sont pris pour des rabat-joies. Ils sont entendus
aujourd’hui ! Encore plus la protection de l’environnement est
aujourd’hui un enjeu majeur. Même s’il nous semble que les actes ne sont
pas évidents à constater. Mais rappelez-vous du Discours n°11 – Mouton !
Nous sommes invités aujourd’hui par la planète, à vivre plus sobrement !
Si
nous faisons partie de ceux qui ont appris à vivre plus simplement ;
pour des raisons éthiques ou pour des raisons économiques. La sobriété
est un mode de vie qui va devenir générale à la majorité des humains sur
terre. Bien sûr il y en aura toujours à faire moins et toujours à faire
plus. Il faudra s’en contenter. Voyons maintenant ce qu’en pratique ce
que doit être aujourd’hui notre schéma de vie. Afin de préserver notre
planète d’une éventuelle amplification de changement climatique, mais
aussi pour guérir des maux qui impactent notre environnement, … notre
écosystème.
Décarbonage ! Une économie moins émettrice en CO2 !
Si
nos modes de déplacement sont des facteurs important dans l’émission de
CO2, ils ne sont pas les seuls. Mais rappelons le, nos véhicules ne
produisent pas tous les mêmes quantités de CO2 en roulant. Lors de
l’achat d’un véhicule, il est important de s’orienter vers des véhicules
« propres » et de faible consommation. Il est aussi possible de varier
son mode de transport : achat de véhicules en collectif, voiture en
favorisant le covoiturage, transport en commun, vélo et marche à pied.
Si ces habitudes ont pris place dans notre société (notamment pour des
raisons économiques) elles sont encore à augmenter.
Émettre moins
de carbone, c’est aussi satisfaire sa consommation en réfléchissant au
trajet qu’a effectuer le produit que l’on achète, en observant la
quantité et la qualité de son emballage, en réfléchissant et en
questionnant le fournisseur sur les modes de fabrication (et ce qu’il
contient), en s’interrogeant sur sa duré de vie, son recyclage etc. bref,
en consommant, nos choix influent sur l’émission de gaz à effet de
serre. Ces habitudes vont
devenir quotidiennes. Aussi aujourd’hui
nous allons acheter notre alimentation mais aussi la grande majorité de
ce qui fait nos achats, localement, au plus près de son lieu de vie.
Cela va réduire considérablement les déplacements de marchandise et
certainement la quantité et la régularité de nos achats. Car acheter
l’indispensable est aussi un choix sur la surconsommation. Vivre
sobrement, c’est acheter « léger », mais rassurez vous, vous n’en serrez
pas plus malheureux ! La frustration de départ va très vite s’atténuer.
L’apprentissage et le partage de savoir faire sont aussi source
de « décarbonage » de l’atmosphère. Apprendre à tricoter, faire son
potager, cuisiner plutôt que d’acheter le « tout-fait » « près à cuire »
! C’est aussi bon pour la planète et le climat ! Devenir autonome pour
ce qui nous devient des besoins réguliers est une habitude que nous
allons reprendre en main. A la cuisine, l’habitude se prend vite
d’acheter en « vrac » ses ingrédients de base. Et de plus en plus de
citoyens s’organisent à plusieurs pour acheter « en gros » du riz, de la
farine, du sucre etc. les GASE (Groupements d’Achats Solidaires et
Équitables) se développent. Ils permettent de lier nos habitudes avec
des producteurs locaux, d’obtenir des produits attractifs en terme de
qualité et de prix, de limiter le coût et la production d’emballages
avec le conditionnement « en gros », de réduire les frais (et le bilan
CO2) de transport, etc. c’est d’ailleurs comme cela que sont nées les
coopératives BIOCOOPs qui se sont bien développées en villes.
Finalement,
consommer autrement, c’est porter un autre regard dans les échanges
mondiaux. Porter un autre regard sur la dépendance sur d’autres pays. Ce
qui renvoie aussi aux pillages et aux exploitations des pays (et de
leurs habitants) d’où nous tirons profit. Consommer autrement c’est
aussi revoir notre relation avec l’argent. L’argent qui domine le «
pouvoir » d’achat. Consommer autrement c’est aussi affronter les lobbies
ou le TAFTA. Consommer autrement c’est en fait refaire le partage des
richesses. La lutte contre le changement climatique aura donc bien
d’autres conséquences positives !
L’émission de gaz à effet de
serre baisse en France. -15% en 18 ans ! Cette bonne nouvelle est le
fruit de l’engagement pris par la France en 1997 via le protocole de
Kyoto. Mais cette bonne nouvelle cache l’empreinte carbone de la
consommation de Français, qui elle, a augmentée de 5%. La faute aux «
made in china » (écrans plats par exemple) ou aux imports de soja pour
nourrir les animaux d’élevage. Cela illustre bien la nécessiter de
changement de la façon de consommer et de produire.
L’empreinte
carbone c’est la quantité de carbone émise par une activité ou une
organisation. C’est un indicateur qui caractérise la pression exercée
par une population en termes d’émissions de gaz à effet de serre en
fonction de son mode de vie. Le calcule couvre ce qui est émis
directement et indirectement. C’est donc lié à la production et au
transport de ce qui est consommé (biens ou services). Ce qui nous
rapporte à notre dépendance
actuelle envers d’autres pays
(produits et services exportés). L’émission de gaz à effet de serre,
c’est la production de gaz émis dans l’atmosphère par une activité ou
une organisation.
Lutter contre le changement de climat c’est
aussi une évolution dans la politique économique d’un pays. 6 milliards
d’euros seraient dépensés chaque année dans le secteur du transport pour
défiscaliser et favoriser la consommation en gazole : transporteurs,
taxis, agriculteurs. Les effets du Diesel sur la santé (42000 morts en
France) doivent d’autant plus décourager ces politiques. Lutter contre
le changement climatique c’est aussi prévenir de certains risques sur la
santé humaine. Nos modes de consommations influent sur les nécessités
de perfuser ces filières ! C’est aux citoyens d’influer dans leurs
comportements de consom-acteurs ! Le pouvoir politique est aussi dans
notre porte monnaie. Une politique doit aussi s’engager pour mettre en
place une véritable fiscalité écologique si les résultats se font
attendre (ou pour éviter d’attendre le résultat !). Une politique
énergétique doit aussi favoriser les filières d’énergie renouvelable en
locale (on consomme ce que l’on produit localement). Mais notre «
consommation responsable », en limitant nos consommations énergétiques
est la mesure la plus efficace !
Grosso modo, l’implication
citoyenne fera beaucoup plus qu’un simple projet de loi. Il est
important pour le citoyen, d’impulser la bonne direction aux politiques.
Les principes d’exemples ou de désobéissances civiques seront moteurs !
Des mesures de bon sens se mettent en place dans notre société.
L’eau, une ressource sensible va faire l’objet de nouveaux modes de
collecte de traitement et d’usage. La lutte contre l’érosion et
l’artificialisation des sols, ainsi que les modifications agricoles en
terme de pratique et de variétés cultivées sont aussi primordiale pour
satisfaire les besoins et l’autonomie alimentaire (qui avec les
migrations de population, vont augmenter en France). Il va falloir
redessiner les infrastructures sur les côtes (stations balnéaires,
digues, routes) et préserver les protections naturelles (dunes, marais).
Les villes, principale habitat de l’homme sur terre (près de 80% de la
population mondiale vit en ville), doivent être remodelées. L’autonomie
vivrière va s’inscrire dans le programme des collectivités. Redistribuer
les champs dans les campagnes avec un grand programme de Réforme
Agraire et une politique Agroécologique va se voir un discours politique
entendu !!
Mais au vu des avancées mondiales sur les mesures
éco-responsables espérées, notre capacité d’adaptation au changement
climatique fera résilience. Nous l’avons entendu dans les précédentes
parties de ce discours, les températures moyennes de notre planète vont
augmenter de +3°c à +4°c d’ici 2100 (scénario optimiste et réaliste). A
notre projet de vie sobre et heureuse, va s’ajouter un objectif de
résilience. La résilience est l’aptitude d’un individu à se construire
et à vivre de façon satisfaisante en dépit des circonstances
traumatiques.
Notre nouvelle société (ou civilisation) va se construire en s’adaptant
au choc climatique pour éviter la disparition de l’humanité.
Sobre
et résilient, deux qualités humaine de l’homme d’aujourd’hui pour
s’adapter à demain. On observe déjà aujourd’hui, chez une certaine
partie de la population cet apprentissage de vie, ou le bonheur,
l’amour, l’amitié ou la générosité ne sont plus attachés à la notion
économique. Les réseaux COLIBRIS, initié par la génération Pierre Rabhi
ou les expérimentations menées par les « zadistes » qui vivent et luttes
en intelligence contre un monde qui s’accapare le vivant, sont une
belle illustration que notre société est en grande reconstruction.
L'accélération
financière et technologique (la croissance), déconnectée du rythme de
l’homme, mène notre système à l'épuisement et vers des catastrophes tout
à la fois écologiques, économiques et sociales. Le « bon sens » de
l’économie, basé sur la Croissance va évoluer vers le modèle de la «
décroissance ». L’ « urgence de ralentir », le documentaire de Philippe
Borrel montre bel et bien qu’aller a contresens du modèle dominant, par
les alternatives citoyennes, construit le monde de demain. Le marcher de
l’emploi va évoluer car le chômage va s’accroitre et accroître le temps
disponible des citoyens. Lutter contre le chômage est inutile et vain.
Notre société est en pleine mutation et évidement toutes les logiques
sautes. Le sens même du travail est rediscuté aujourd’hui. On discute de
Revenu de Base et d’occupation rémunératrice complémentaire. Et
pourquoi pas de multi-activité solidaires.
Ce discours n’est pas
tendre, j’imagine les doutes et les peurs qui ont envahis vos regards
aux lectures des trois premières parties. Mais, vous voyez, votre
optimisme est revenu ! Nous assistons à la naissance d’un nouveau
monde. Et ce n’est ni du rêve ni de la science fiction. Les abus et les «
contre-sens » du monde passé, ont illustré leurs dérives par le
changement climatique. Retroussons nos manches et dessinons aujourd’hui
la charpente de Demain. Car c’est avec nos enfants que nous allons
construire ce monde. Et faire en sorte qu’il soit meilleur.
(À suivre…)
Mikael HARDY, Ecole Paysanne 35
(décembre 2014)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire