mercredi 4 février 2015

Le Climat - Discours 12 - 4ème partie



Partie 4 : Sobriété 



     Sobriété : n.f. Comportement d’une personne sobre. Qualité de quelqu’un qui se comporte avec retenue. Qualité de ce qui se caractérise par une absence d’ornements superflus. 

     La simplicité volontaire ou sobriété heureuse est un mode de vie consistant à réduire volontairement sa consommation, ainsi que les impacts de cette dernière, en vue de mener une vie davantage centrée sur des valeurs définies comme « essentielles ». Cet engagement personnel et/ou associatif découle de multiples motivations qui vont habituellement accorder la priorité aux valeurs familiales, communautaires et/ou écologiques.
Nous avons, à partir des éléments et publications scientifiques disponibles, présenté les causes et effets du changement climatique et traduit ce que serait le paysage de demain sur notre planète et plus localement autour de nous. Bien sûr, aucune science n’est exacte et l’avenir ne se prévoit pas toujours avec précision. Des surprises climatiques sont aussi attendues. Bonnes ou mauvaises ? L’évidence est tout de même qu’il faut se préparer au changement et pour très bientôt.
     Rappelons aussi que ce discours est écrit en utilisant les prévisions les plus optimismes. Donc un réchauffement et un bouleversement climatique « moyen ». Ce scénario optimiste, c’est dans le cas ou notre civilisation devient « sobre » aujourd’hui. Tous les éléments proposés dans ce discours s’aggraveront à la mesure de notre capacité d’aujourd’hui à évoluer ou non vers la sobriété.
Nous sommes tous personnellement concernés, car Demain (2050) nous seront encore sur Terre. Nous sommes tous personnellement concernés car Demain (2100) nos enfants seront encore là sur Terre… 

     L’impact humain qui provoque l’amplification du changement annoncé est principalement dû aux pollutions atmosphériques occasionné par les émissions de Dioxyde de carbone et de Méthane (nous dirons majoritairement) : Les gaz émis par l’industrie, les gaz d’échappement de nos véhicules, les produits indus à la fabrication du ciment, la fabrication de pesticides et d’engrais agricoles, la production de plastiques etc. La liste est longue. Pour un écologiste, ce qui se passe aujourd’hui est cristallisant. C’est injuste d’en arriver là. De cesse et depuis des décennies, les associations de protection de l’environnement tirent la sonnette d’alarme et sont pris pour des rabat-joies. Ils sont entendus aujourd’hui ! Encore plus la protection de l’environnement est aujourd’hui un enjeu majeur. Même s’il nous semble que les actes ne sont pas évidents à constater. Mais rappelez-vous du Discours n°11 – Mouton !
     Nous sommes invités aujourd’hui par la planète, à vivre plus sobrement !
Si nous faisons partie de ceux qui ont appris à vivre plus simplement ; pour des raisons éthiques ou pour des raisons économiques. La sobriété est un mode de vie qui va devenir générale à la majorité des humains sur terre. Bien sûr il y en aura toujours à faire moins et toujours à faire plus. Il faudra s’en contenter. Voyons maintenant ce qu’en pratique ce que doit être aujourd’hui notre schéma de vie. Afin de préserver notre planète d’une éventuelle amplification de changement climatique, mais aussi pour guérir des maux qui impactent notre environnement, … notre écosystème.
Décarbonage ! Une économie moins émettrice en CO2 !
     Si nos modes de déplacement sont des facteurs important dans l’émission de CO2, ils ne sont pas les seuls. Mais rappelons le, nos véhicules ne produisent pas tous les mêmes quantités de CO2 en roulant. Lors de l’achat d’un véhicule, il est important de s’orienter vers des véhicules « propres » et de faible consommation. Il est aussi possible de varier son mode de transport : achat de véhicules en collectif, voiture en favorisant le covoiturage, transport en commun, vélo et marche à pied. Si ces habitudes ont pris place dans notre société (notamment pour des raisons économiques) elles sont encore à augmenter.
     Émettre moins de carbone, c’est aussi satisfaire sa consommation en réfléchissant au trajet qu’a effectuer le produit que l’on achète, en observant la quantité et la qualité de son emballage, en réfléchissant et en questionnant le fournisseur sur les modes de fabrication (et ce qu’il contient), en s’interrogeant sur sa duré de vie, son recyclage etc. bref, en consommant, nos choix influent sur l’émission de gaz à effet de serre. Ces habitudes vont
devenir quotidiennes. Aussi aujourd’hui nous allons acheter notre alimentation mais aussi la grande majorité de ce qui fait nos achats, localement, au plus près de son lieu de vie. Cela va réduire considérablement les déplacements de marchandise et certainement la quantité et la régularité de nos achats. Car acheter l’indispensable est aussi un choix sur la surconsommation. Vivre sobrement, c’est acheter « léger », mais rassurez vous, vous n’en serrez pas plus malheureux ! La frustration de départ va très vite s’atténuer.

     L’apprentissage et le partage de savoir faire sont aussi source de « décarbonage » de l’atmosphère. Apprendre à tricoter, faire son potager, cuisiner plutôt que d’acheter le « tout-fait » « près à cuire » ! C’est aussi bon pour la planète et le climat ! Devenir autonome pour ce qui nous devient des besoins réguliers est une habitude que nous allons reprendre en main. A la cuisine, l’habitude se prend vite d’acheter en « vrac » ses ingrédients de base. Et de plus en plus de citoyens s’organisent à plusieurs pour acheter « en gros » du riz, de la farine, du sucre etc. les GASE (Groupements d’Achats Solidaires et Équitables) se développent. Ils permettent de lier nos habitudes avec des producteurs locaux, d’obtenir des produits attractifs en terme de qualité et de prix, de limiter le coût et la production d’emballages avec le conditionnement « en gros », de réduire les frais (et le bilan CO2) de transport, etc. c’est d’ailleurs comme cela que sont nées les coopératives BIOCOOPs qui se sont bien développées en villes.
     Finalement, consommer autrement, c’est porter un autre regard dans les échanges mondiaux. Porter un autre regard sur la dépendance sur d’autres pays. Ce qui renvoie aussi aux pillages et aux exploitations des pays (et de leurs habitants) d’où nous tirons profit. Consommer autrement c’est aussi revoir notre relation avec l’argent. L’argent qui domine le « pouvoir » d’achat. Consommer autrement c’est aussi affronter les lobbies ou le TAFTA. Consommer autrement c’est en fait refaire le partage des richesses. La lutte contre le changement climatique aura donc bien d’autres conséquences positives ! 

     L’émission de gaz à effet de serre baisse en France. -15% en 18 ans ! Cette bonne nouvelle est le fruit de l’engagement pris par la France en 1997 via le protocole de Kyoto. Mais cette bonne nouvelle cache l’empreinte carbone de la consommation de Français, qui elle, a augmentée de 5%. La faute aux « made in china » (écrans plats par exemple) ou aux imports de soja pour nourrir les animaux d’élevage. Cela illustre bien la nécessiter de changement de la façon de consommer et de produire.
     L’empreinte carbone c’est la quantité de carbone émise par une activité ou une organisation. C’est un indicateur qui caractérise la pression exercée par une population en termes d’émissions de gaz à effet de serre en fonction de son mode de vie. Le calcule couvre ce qui est émis directement et indirectement. C’est donc lié à la production et au transport de ce qui est consommé (biens ou services). Ce qui nous rapporte à notre dépendance
actuelle envers d’autres pays (produits et services exportés). L’émission de gaz à effet de serre, c’est la production de gaz émis dans l’atmosphère par une activité ou une organisation. 

     Lutter contre le changement de climat c’est aussi une évolution dans la politique économique d’un pays. 6 milliards d’euros seraient dépensés chaque année dans le secteur du transport pour défiscaliser et favoriser la consommation en gazole : transporteurs, taxis, agriculteurs. Les effets du Diesel sur la santé (42000 morts en France) doivent d’autant plus décourager ces politiques. Lutter contre le changement climatique c’est aussi prévenir de certains risques sur la santé humaine. Nos modes de consommations influent sur les nécessités de perfuser ces filières ! C’est aux citoyens d’influer dans leurs comportements de consom-acteurs  ! Le pouvoir politique est aussi dans notre porte monnaie. Une politique doit aussi s’engager pour mettre en place une véritable fiscalité écologique si les résultats se font attendre (ou pour éviter d’attendre le résultat !). Une politique énergétique doit aussi favoriser les filières d’énergie renouvelable en locale (on consomme ce que l’on produit localement). Mais notre « consommation responsable », en limitant nos consommations énergétiques est la mesure la plus efficace !
     Grosso modo, l’implication citoyenne fera beaucoup plus qu’un simple projet de loi. Il est important pour le citoyen, d’impulser la bonne direction aux politiques. Les principes d’exemples ou de désobéissances civiques seront moteurs ! 

     Des mesures de bon sens se mettent en place dans notre société. L’eau, une ressource sensible va faire l’objet de nouveaux modes de collecte de traitement et d’usage. La lutte contre l’érosion et l’artificialisation des sols, ainsi que les modifications agricoles en terme de pratique et de variétés cultivées sont aussi primordiale pour satisfaire les besoins et l’autonomie alimentaire (qui avec les migrations de population, vont augmenter en France). Il va falloir redessiner les infrastructures sur les côtes (stations balnéaires, digues, routes) et préserver les protections naturelles (dunes, marais). Les villes, principale habitat de l’homme sur terre (près de 80% de la population mondiale vit en ville), doivent être remodelées. L’autonomie vivrière va s’inscrire dans le programme des collectivités. Redistribuer les champs dans les campagnes avec un grand programme de Réforme Agraire et une politique Agroécologique va se voir un discours politique entendu !!
Mais au vu des avancées mondiales sur les mesures éco-responsables espérées, notre capacité d’adaptation au changement climatique fera résilience. Nous l’avons entendu dans les précédentes parties de ce discours, les températures moyennes de notre planète vont augmenter de +3°c à +4°c d’ici 2100 (scénario optimiste et réaliste). A notre projet de vie sobre et heureuse, va s’ajouter un objectif de résilience. La résilience est l’aptitude d’un individu à se construire et à vivre de façon satisfaisante en dépit des circonstances
traumatiques. Notre nouvelle société (ou civilisation) va se construire en s’adaptant au choc climatique pour éviter la disparition de l’humanité.
     
     Sobre et résilient, deux qualités humaine de l’homme d’aujourd’hui pour s’adapter à demain. On observe déjà aujourd’hui, chez une certaine partie de la population cet apprentissage de vie, ou le bonheur, l’amour, l’amitié ou la générosité ne sont plus attachés à la notion économique. Les réseaux COLIBRIS, initié par la génération Pierre Rabhi ou les expérimentations menées par les « zadistes » qui vivent et luttes en intelligence contre un monde qui s’accapare le vivant, sont une belle illustration que notre société est en grande reconstruction.
     L'accélération financière et technologique (la croissance), déconnectée du rythme de l’homme, mène notre système à l'épuisement et vers des catastrophes tout à la fois écologiques, économiques et sociales. Le « bon sens » de l’économie, basé sur la Croissance va évoluer vers le modèle de la « décroissance ». L’ « urgence de ralentir », le documentaire de Philippe Borrel montre bel et bien qu’aller a contresens du modèle dominant, par les alternatives citoyennes, construit le monde de demain. Le marcher de l’emploi va évoluer car le chômage va s’accroitre et accroître le temps disponible des citoyens. Lutter contre le chômage est inutile et vain. Notre société est en pleine mutation et évidement toutes les logiques sautes. Le sens même du travail est rediscuté aujourd’hui. On discute de Revenu de Base et d’occupation rémunératrice complémentaire. Et pourquoi pas de multi-activité solidaires. 

     Ce discours n’est pas tendre, j’imagine les doutes et les peurs qui ont envahis vos regards aux lectures des trois premières parties. Mais, vous voyez, votre optimisme est revenu ! Nous assistons à la naissance d’un nouveau monde. Et ce n’est ni du rêve ni de la science fiction. Les abus et les « contre-sens » du monde passé, ont illustré leurs dérives par le changement climatique. Retroussons nos manches et dessinons aujourd’hui la charpente de Demain. Car c’est avec nos enfants que nous allons construire ce monde. Et faire en sorte qu’il soit meilleur. 


(À suivre…) 


Mikael HARDY, Ecole Paysanne 35
(décembre 2014)

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