dimanche 26 octobre 2014

Le revenu de Base - Discours 4


Le revenu de Base pour tous

Discours n°4





      Depuis quelques années, en Europe, une impulsion sociale fait renaitre cette utopie. Nous entendons parler du « salaire de base ».
« Le revenu de base est un droit inaliénable, inconditionnel, cumulable avec d’autres revenus, distribué par une communauté politique à tous ses membres, de la naissance à la mort, sur base individuelle, sans contrôle des ressources ni exigence de contrepartie, dont le montant et le financement sont ajustés démocratiquement. » (Portail francophone sur le revenu de base)
Autrement dit il s’agit d’un revenu attribué de la naissance à la mort à chaque citoyen pour lui garantir une vie socialement digne : se nourrir, se loger, s’habiller.

      Aujourd’hui, un militant associatif, ne peut s’investir à plein temps pour défendre une cause d’intérêt général. Car le temps qu’il donne à cette association n’est pas rémunérateur. Bien au contraire ! Un bénévole qui donne de son temps à une cause, donne aussi de son argent. Il lui faut assumer les charges induites par cette implication (déplacements, courriers, téléphones etc.).

Certaines associations bénéficient d’aides de collectivités. Ce qui leurs permettent de salarier le temps nécessaire à certaines tache. Mais le bénévole est de loin le plus productif. Car il allie la tache qu’il accomplie, à la passion qu’il témoigne pour la cause. De plus, les aides associatives sont aujourd’hui très réduites et menacent la pérennité de ces emplois.
Depuis quelques années malheureusement, les associations manquent de bénévoles pour aller au bout de leurs objectifs. La cause principale de ce phénomène est purement économique. Un ménage ne peut aujourd’hui donner de son temps tellement son emploi lui prend du temps. Et une personne sans emploi, n’a pas les moyens de donner de son argent.
Le monde associatif n’est pas le seul à répondre de se problème. L’implication en structure syndicale, l’investissement dans la vie de quartier ou en collectivité locale pour participer à la gérance de notre société, souffrent d’un manque de volontaires.

      L’activité culturelle n’est pas épargnée non plus. Les artistes sont de moins en moins soutenus par le statut d’intermittent du spectacle qui est même menacé.

Les étudiants doivent travailler pour payer leurs études. Il arrive généralement qu’un jeune travaille de week-end ou de nuit pour financer ses cours. Il n’a guère le temps pour ses révisions ou ses travaux du soir… encore moins pour souffler et prendre du temps pour participer aux activités culturelles ou sportives qui sont généralement payantes.
     Même l’emploi souffre aujourd’hui des mêmes raisons. La création de micro entreprise n’est pas accessible à tous. Il faut pour cela avoir des fonds de garantis (de l’argent de coté) avant d’ acquérir l’autonomie financière dans une entreprise naissante.
Mais surtout donner de son temps, c’est empiéter sur son temps libre. Ce temps libre, si cher à chacun et le plus souvent si réduit quand on a un emploi.

      Cette proposition du revenu de base, une fois retenue, permettrait à tout citoyen de s’impliquer dans la vie sociale (culture, association, politique etc.) de son pays sans que cela ne soit préjudiciable à ses besoins minimums.

C’est aussi et surtout, une nouvelle manière d’aborder le travail. Le travail n’est pas la seule activité créatrice de richesse dans notre société. Ainsi un artiste, un bénévole associatif, une personne engagée dans un syndicat ou en politique, dégagent de la richesse.
On peut donc considérer que ces activités sont un « travail ».
     De plus, pour le citoyen, il est possible de cumuler le revenu de base avec une activité rémunératrice (ou plusieurs). Il est possible d’exercer un emploi ! bien plus que le « coup de pouce » financier, cela permet de gérer ses choix de vie et son temps imparti au travail. Pour l’exemple, une personne pourrait faire le choix d’avoir un emploi salarié ou de créer sa micro entreprise sur la base de 15 heures semaine, de devenir bénévole dans une association et s’y consacrer 10 heures par semaine et se conserver le reste du temps pour la vie familiale et faire son potager… Chacun peut donc aborder le travail de façon plus sereine et sans crainte du chômage.

      On peut à tort s’imaginer, par ce revenu de base, construire une société de fainéant et de profiteurs ! Bien au contraire !

L’angoisse du chômage freine la motivation des jeunes à s’impliquer dans une voie. Le citoyen qui choisi sa voie de vie, son activité, son implication sociale, est plus investi et donc plus efficace. Et ce avec moins de tension et de gaspillage d’énergie.
« Mettre en place un revenu de base, c’est donner le choix à chaque individu de s’engager dans des activités auxquelles il donne du sens, et qui donc seront des activités productives de sens lorsqu’elles ne sont pas productives économiquement. C’est donc un puissant catalyseur, un formidable investissement dans de nouvelles activités, vectrices de richesse économique et sociale. » (Portail francophone sur le revenu de base)

      En France, certains outils d’aide sociale existent. Je pense aux allocations chômages ou au Revenu de Solidarité Active. Mais ces outils ne peuvent être cumulés avec un emploi à temps partiel.

Pour un allocataire du RSA, quelques heures travaillées peuvent suffire à perdre la totalité de cette aide ! Elle n’est pourtant pas suffisante pour assurer le minimum vital (se loger, se nourrir). Il est de plus démotivant, face à la complexité administrative (rendez-vous, justificatifs, temps de mis en place), d’accéder à ces dispositif et bon nombre de ménages éligibles au RSA n’en font pas les démarches. Ainsi, je pense que ces outils ne sont pas suffisant surtout quand le marché de l’emploi est au plus bas.
L’allocation chômage quand à elle est très inégale. Le calcule de l’indemnité est basé sur les revenus du précédant emploi et sur le temps de travail validé. C’est une inégalité face au risque du chômage qui concerne tout le monde (le coût de la vie est le même pour tous !). Il est de plus inaccessible pour le paysan ou l’artisan qui met un terme à son activité.

      Pour l’économie du pays, les bénéfices du revenu de base sont multiples. Ce sont d’abord des réductions de charge dans le coût de la santé, dans le cout de la précarité sociale, dans le cout de l’éducation, dans le cout des caisses retraites, etc.…

En effet, le seul dispositif du revenu de base pour tous, reviendrait à abolir les systèmes de gestion traditionnels et à simplifier la démarche administrative. Combien de services aujourd’hui pour faire fonctionner un système dont les moyens humains sont aujourd’hui très critiqués (nombres de postes insuffisants créant des pressions sur les fonctionnaires de l’aide sociale).
Le confort social des citoyens recevant ce salaire de base suffirait de plus à assurer leur quiétude. La population s’en ressentirait plus animée par le désir d’être active et ne serait pas brimer par une obligation de trouver un emploi quel qu’il soit. On peut donc imaginer mois de stress, moins d’arrêt de travail, etc., grâce à ce dispositif.
      Il ne faut pas oublier aussi qu’en France, de nombreuses personnes vivent dans la rue. Le problème n’est que purement économique. Certains de ces citoyens travaillent la journée mais dorment dans leur voiture faute de revenu suffisant !

      Avec le revenu de base pour tous, c’est l’assurance pour chacun de bénéficier en toute équité, des même moyens de subsistance pour accéder tous, à un confort de vie digne !

      Enfin, ce dispositif peut aussi permettre l’épanouissement de citoyens « multi-actifs ». Pourquoi vivre toute sa vie avec la « casquette » d’une seule profession ? Ne pourrait-on pas imaginer avec ce dispositif un retour à la terre de nombreux citoyens. Peut être que la voie du travail en collectif pourrait permettre à chacun de s’investir dans une activité agricole à mi temps et dans une implication sociale et pourquoi pas sur une troisième activité…


      Quel est l’obstacle aujourd’hui, pour tout un chacun, de faire son potager et produire une partie de son autosuffisance ? La terre n’est bien sûr (pour l’instant), difficilement accessible. Le programme des offices fonciers peut pallier à ce problème dans les années à venir. Mais l’obstacle est principalement le temps nécessaire à cette activité que l’on peut difficilement combiner avec un emploi à temps plein.

L’installation en collectif devient un cheminement de vie pour bon nombre d’entre nous. Aussi nous observons des familles actives, se regrouper autour d’un projet de vie en collectif. Le besoin rechercher par ces personnes est tout simplement un besoin de renouer avec la terre. Avoir un potager est un luxe aujourd’hui, c’est pourtant une activité pleine de sens qui devrait être accessible à tous ! Les familles qui font le choix aujourd’hui de se retour vers une vie où l’on se partage l’espace et les contraintes font un retour gagnant. Ils mutualisent un espace de vie (maison, assainissement, mode de production énergétique), mènent une vie avec conjointement un travail à temps partiel à l’extérieur et mutualisent un potager ou un petit élevage.
      Ce genre de projet n’est pour l’instant accessible qu’a une partie de la population généralement en fin de carrière (plus de 50 ans). Car il nécessite tout de même un investissement. Le programme généré par le revenu de base pourrait permettre rapidement à l’ensemble de la population, de franchir ce pas !

      Nous savons bel et bien que notre société n’a plus les pieds sur terre ! Le lien au sol n’est plus vrai pour majeure parti de notre agriculture, mais c’est le cas aussi pour la grande majorité de nos concitoyens !




Mikaël HARDY, école paysanne 35.

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